PROFONDEUR,
Le sésame de la Seconde Guerre Mondiale
« Aujourd’hui, le potentiel de combat d’un ensemble d’hommes réside
dans l’organisation de cet ensemble : par conséquent, si nous détruisons
cette organisation, nous détruirons le potentiel de combat de combat de cet ensemble
et aurons atteint notre objectif ».
- John Frederick Charles Fuller, 1918
LA GUERRE DE POSITIONS
En 1913, John Frederick Charles Fuller, un officier britannique cérébral et un peu illuminé de trente-cinq ans, se penche sur la guerre-russo japonaise puis écrit que désormais, la puissance dévastatrice des armes modernes contraindra les armées à s’enterrer dans des tranchées bardées de fil barbelé et de nids de mitrailleuses, avec pour conséquence directe la disparition de la guerre de mouvement, donc la disparition de tout espoir de victoire et, in fine, la disparition de tout espoir de terminer une guerre. En avril 1914 encore, il publie un article dans lequel il estime que dans ces conditions, l’unique question qui se posera dans l’avenir sera : existe-t-il un moyen de percer un point du front ennemi pour pouvoir s’y engouffrer ? Pour l’heure, il n’entrevoit pas d’autre moyen qu’un recours concentré et massif à la puissance écrasante qu’a acquise l’artillerie. Les premières semaines de guerre vont donner l’illusion que Fuller s’est trompé, mais pour peu de temps [texte provisoire].
John Fuller
LA DER DES DERS : FULLER REBAT LES CARTES
La folle illusion de la guerre de mouvement
Lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale, l’état-major de l’armée impériale allemande applique un plan stratégique que nos manuels scolaires appellent le « plan Schlieffen ». En réalité, ce plan existait depuis la création du IIe Reich en 1871 après la victoire allemande contre la France dans la guerre de 1870, et il a été régulièrement reléché depuis plus de quarante ans à chaque retournement géopolitique. Sa dernière mouture est dûe au général Helmuth von Moltke, dit le Jeune [1], mais elle conserve la griffe de l’un des architectes antérieurs du plan, le général Alfred von Schlieffen, mort depuis peu ; en particulier sa contrainte essentielle : remporter la victoire vite car, peu de temps après l’éclatement des hostilités, la puissance de destruction des armes modernes prendra le dessus et redonnera ses prérogatives à la guerre de positions [2].
Ce n’est donc qu’en apparence que le plan Moltke, dit « plan Schlieffen » (voir ci-dessous) est un plan de guerre de mouvement. Son principe est le suivant : sur un front continu qui s’étirera de la frontière franco-suisse à la frontière entre la Belgique et les Pays-Bas, il s’agit de fixer les forces françaises à l’aile gauche (sud), à la frontière entre l’Alsace (allemande depuis 1871) et la Lorraine française ; cette précaution étant prise, passer à l’offensive sur l’aile droite (nord) à travers la Belgique, pour repousser les armées alliées vers le nord de la France puis vers la Marne puis, ensuite, déborder l’ennemi par l’ouest pour l’envelopper et, enfin, le détruire. Mais hélas pour Moltke, les craintes de feu Schlieffen vont se concrétiser.
Le plan Moltke
Soldats du 5e régiment de ligne le 6 août 1914 : ces hommes l’ignorent encore mais la guerre qui les attend ne sera pas la guerre qu’on connue leurs grands-pères en 1870.
C’est par une chaleur caniculaire que la bagarre réelle éclate le 12 août et, côté allemand, c’est Moltke en personne, pourtant malade depuis quelques années, qui la mène et qui est ainsi chargé de mettre à exécution son propre plan. Les premières journées de guerre sont prometteuses : dès le troisième jour, les forces de Moltke sont dans Liège ; au bout d’une semaine, c’est Bruxelles qui tombe. Le surlendemain, les Allemands sont à Charleroi, à moins de trente kilomètres de la frontière française. Les Allemands ont bousculé les armées alliées.
Le 24, les généraux alliés amorcent un repli vers la France, talonnés par un Moltke victorieux mais épuisé et dont l’état de santé s’est soudainement aggravé. Paris n’est plus qu’à 200 kilomètres et Moltke, qui ne veut pas laisser aux Alliés le temps de reconstituer un front défensif, presse ses armées en avant. Au dernier jour du mois d’août, ses forces sont à Compiègne après avoir avalé les deux tiers de la distance qui sépare la frontière belge de Paris. Français et Britanniques reculent toujours en espérant se rétablir sur la Marne.
Si la victoire rapide espérée par Schlieffen semble en vue, tout n’est pourtant pas rose au commandement allemand : la Ière armée allemande, commandée par le bouillant général Alexander von Kluck, n’hésite pas à prendre des libertés avec les ordres de Moltke, au désespoir de son supérieur exténué par son état de santé et par l’effort qu’exige la campagne : alors que Kluck est à moins de quarante kilomètres de Paris, contre-ordres et nouveaux ordres se succèdent dans le plus grand désordre. Il n’empêche : le 3 septembre, la Ière armée franchit la Marne à Château-Thierry et amorce une marche prédatrice vers le sud-est, menaçant les forces alliées de subir réellement le sort que leur réserve le plan Moltke.
C’est alors que le gouverneur militaire de Paris, le général Galliéni, un pragmatique sévère et inébranlable, et le commandant en chef de l’armée française, le généralissime Joseph Joffre, un planificateur méticuleux et efficace sachant manier les hommes, détectent l’instant de flottement dans le dispositif offensif allemand ; c’est le moment qu’ils choisissent pour contre-attaquer. Kluck, il est vrai, est dans une position acrobatique. La contre-attaque franco-britannique lui fait perdre pied et c’est tout le dispositif offensif de Moltke qui s’écroule comme un château de cartes. La victoire rapide exigée par feu Schlieffen vient de s’envoler en fumée. Moltke et ses subordonnés, lucides, décident un repli sur l’Aisne et son affluent, la Vesle, pour s’y enterrer en défensive. De ces quelques journées où l’histoire a retenu son souffle, il restera, dans les manuels scolaires, le nom de « miracle de la Marne », et c’est sous un ciel de fin d’été uniformément bleu que les Alliés donnent à leur tour la chasse à l’ennemi pour finir par s’enterrer face à lui, inexpugnablement, sur l’autre rive des deux rivières.
La bataille de la Marne
Dès lors, chacun des deux camps, conscient du mur infranchissable des défenses de l’ennemi, cherche à déborder son adversaire par le seul endroit qui peut s’y prêter, l’extrémité occidentale du front. Entre la mi-septembre et la fin octobre, ces tentatives symétriques se télescopent en domino jusqu’à ce que le front se soit, par extensions successives, étiré jusqu’à la mer du Nord. Ce deuxième acte restera dans l’histoire sous le nom de « course à la mer ».
La course à la mer
Comme le redoutait Schlieffen, l’occasion de mener une guerre de mouvement décisive est passée et, en cet automne 1914, rien, absolument plus rien, ne permet d’imaginer raisonnablement une issue à la guerre. Pour plus de trois longues années, le front s’est figé dans six cents kilomètres d’un inextricable dédale de terre et de métal.
Ernest Dunlop Swinton et les Tanks
L’apparition d’un front figé de six cents kilomètres de longueur pose un problème d’une envergure et d’une gravité si inédites qu’elle a, corollairement, un mérite : celui de mettre tous les belligérants d’accord sur une évidence : il faut trouver une solution au nœud gordien de la guerre de positions. L’avenir va confirmer les craintes de Schlieffen et les prédictions de Fuller : au cours des deux années qui vont venir, aucune offensive ne réussira à franchir significativement les positions défensives ennemies. En l’absence d’évolution stratégique de la situation, la guerre s’éternisera de plus en plus durablement puisque l’allongement même de sa durée démultipliera le temps disponible pour les deux camps pour consolider encore davantage ces mêmes lignes de défense.
La guerre se transforme en une problématique lancinante qui revient toujours à la même question unique : comment percer des défenses ennemies qui se présentent sous la forme de rideaux meurtriers de balles de mitrailleuses battus par une artillerie dévastatrice ? Cette question évidente appelle des éléments de réponse évidents : il faut inventer quelque chose qui protège les soldats assaillants, qui leur permette d’ouvrir le feu, qui soit mobile et qui ait la capacité de franchir les tranchées, les cratères d’obus et les fils barbelés : c’est-à-dire un véhicule blindé armé et tout-terrain.
En France, alors que la « course à la mer » n’était même pas achevée, un lieutenant-colonel britannique, le correspondant de guerre Ernest Dunlop Swinton, réfléchissait déjà à un tel véhicule et il a imaginé de l’extrapoler à partir d’une autre nouveauté : le tracteur civil à chenilles, qui existe depuis quelques années. Son idée se fraie son chemin jusqu’au premier Lord de l’amirauté, Winston Churchill. En janvier 1915, Churchill écrit au premier ministre britannique une lettre longue et détaillée, aussi prophétique qu’énergique : « Tout cela était déjà évident il y a plus de deux mois mais rien n’a été entrepris dans ce sens ». En parallèle, en France, Swinton se rapproche d’ingénieurs militaires britanniques pour tenter de formaliser les caractéristiques et les performances nécessaires au futur « destroyer blindé ». Première conclusion : la chose doit être capable de transporter un canon et deux mitrailleuses opérationnels. Là encore, le dossier Swinton gravit irrésistiblement les étages de la hiérarchie. Le général John French, commandant le British Expeditionary Corps en France, lui donne son imprimatur puis le répercute au War Office à Londres. Le 22 juin, Swinton est invité à venir présenter ses idées en Angleterre.
Ernest Swinton
Tandis que Swinton s’apprête à rentrer en Angleterre, un Joint Naval and Military Committee a déjà été constitué le 15 juin gérer superviser le dossier ; puis Churchill crée le Landship Committee (« comité des vaisseaux terrestres »). Le 15 juillet, Swinton débarque en Angleterre pour superviser la construction d’un « destroyer blindé ». Il écrit : « Les croiseurs devront être engagés en grand nombre et en collaboration avec l’infanterie. Ils devront être blindés sur chaque côté et devront résister aux balles. Ils devront être équipe d’un canon efficace jusqu’à 1.000 mètres de distance, avec un équipage de six hommes : deux pour servir le canon, un pour chaque mitrailleuse ; et deux pilotes. Ils devront pouvoir franchir des cratères de 4 mètres de large, progresser en tout-terrain au rythme d’au moins 3,7 km/h et disposer d’au moins six heures d’autonomie ».
Le 28 septembre, il inspecte un prototype impressionnant, baptisé Big Willie et extrapolé d’un engin expérimental, Little Willie : Big Willie, plus de 2 mètres de haut, dépasse les 3 mètres de largeur et approche les 8 mètres de longueur ; il abrite deux canons 6 pounder (57 mm) et deux mitrailleuses. Il est capable d’emmener à son bord un équipage de dix hommes dont un officier et son moteur de 105 chevaux peut le faire progresser en tout-terrain à la vitesse de l’infanterie : 4,5 km/h.
Little Willie, tel qu’en 1915, aujourd’hui au musée de Bovington en Angleterre.
Big Willie, le prototype qu’inspecte Swinton le 28 septembre : le surnom de « tank » (bidon) qui restera aux chars prend ici toute son évidence.
(droits : Imperial War Museum)
Big Willie est validé comme base pour développer les futurs engins de série. Le premier prototype de série, baptisé Mark I, est prêt à la fin décembre et ses premiers essais sont prometteurs. Ils débouchent sur des essais officiels qui sont inaugurés le 2 février 1916. Le 8 février, le grand quartier général de la British Expeditionary Force en France valide l’engin et demande officiellement à ce que des exemplaires de série du Mark I soient produits et lui soient livrés. Il est décidé de constituer une première unité de combat expérimentale qui recevra le nom de Heavy Section (« section lourde »).
Le 14 février, cent exemplaires du landship, vite surnommé Tank en raison de sa ressemblance frappante avec un bidon, font l’objet d’une commande ferme. Du 13 au 30 août, la Heavy Section, confiée au commandement du lieutenant-colonel Bradley et composée d’une cinquantaine de Tanks et d’autant d’équipages entre-temps formés au maniement de la bête, part pour la France. L’idée est de tester la Heavy Section en conditions réelles au cours de l’offensive planifiée dans la Somme le 15 septembre. Du 7 au 9 septembre, les deux compagnies de la Heavy Section prennent leurs quartiers près du village de Bray-sur-Somme avec pour mission de mener le premier combat de chars de l’histoire. Swinton, qui ne lâche pas ses tanks d’une semelle, a prévenu les responsables militaires du secteur : les chars sont une invention révolutionnaire, encore toute fraîche, et leur fiabilité n’est pas encore leur fort. Lorsque se lève l’aube de l’offensive, quarante-neuf des chars d’assaut sont disponibles. Ils sont tous envoyés rejoindre les positions de départ de l’infanterie. Seuls trente-deux d’ente eux les atteignent, les autres tombent en panne en cours de route : Swinton avait prévenu. Lorsqu’est donné le signal de l’offensive, sept tanks ne parviennent pas à démarrer mais les vingt-cinq qui démarrent passent à l’attaque. Pour la première fois dans l’histoire, des chars entrent sur un champ de bataille.
Au milieu du fracas du combat, neuf d’entre eux parviennent à surmonter tous les obstacles jusqu’aux lignes allemandes et à y pénétrer. L’un des neuf Mark I accompagne des fantassins qui se trouvent bientôt cloués au sol par les rafales de mitrailleuses tirées depuis une tranchée allemande. Le chef de char fait avancer son engin, le lance par-dessus le vide de la tranchée, parvient à affaler sa machine à cheval sur les deux bords de la tranchée puis, puis, enfin, à la franchir entièrement. Ensuite, le Mark I se met à longer l’autre bord de la tranchée : trois cents soldats allemands lèvent les bras en l’air. D’une manière générale, les défenseurs allemands, bouche bée face aux monstres d’acier surgis du chaos, ne trouvent pas d’autre réponse que celle de se terrer. Lorsque retombe la poussière de la journée historique de la bataille de Flers, un premier bilan est dressé.
Les tanks n’ont pas eu d’impact sur l’issue de la bataille mais ils en ont eu un sur son déroulement : leur seule présence a donné confiance en eux aux fantassins britanniques tandis qu’elle a paralysé la défense allemande. Une évidence s’impose : à Flers, les chars n’étaient pas assez nombreux pour qu’il soit possible de tirer une conclusion complète de leur emploi au combat.
Vue d’artiste d’un Tank Mark I en 1916
Le retour de Fuller et la bataille en profondeur
Fuller embarque dans le Tank Corps
La nouvelle de l’affaire de Flers va vite siffler aux oreilles de John Fuller, pour l’heure officier d’état-major au VIIe corps britannique. Depuis 1913, il cherche toujours la réponse à la même question : comment percer ? Lorsqu’il apprend ce qui s’est passé à Flers, il acquiert la conviction que l’outil est là, à portée de mains : le char d’assaut. Examinant le déroulé de la bataille, il conclut qu’il manque au tank quelque chose d’essentiel : une doctrine d’emploi. C’est cela qu’il faut inventer. Fuller décide de prendre ce dossier théorique à bras-le-corps et lance, tambour battant, une enquête aussi méticuleuse qu’ambitieuse auprès des équipages des tanks. Il compte bien en compiler les résultats et y prendre appui pour élaborer la théorie capable de conjurer de la malédiction de la guerre de positions – au moyen des chars.
En octobre 1916, alors que la vaste campagne d’investigation John Fuller est en train de monter en puissance, la Heavy Section grandit : elle se mue en un Heavy Corps , bientôt rebaptisé en Tank Corps. Cette nouvelle force devra, à terme, compter rien moins que de neuf bataillons de soixante-douze blindés chacun. Son chef sera un jeune général de division très aristocrate de trente-sept ans, blessé au combat en 1915 et qui s’est converti aux blindés : Hugh Elles. Deux mois plus tard, Fuller devient son chef d’état-major.
Au printemps suivant, le Tank Corps rempile, cette fois lors de la bataille d’Arras du mois d’avril 1917, mais ses effectifs ne sont toujours pas suffisants pour obtenir mieux que des résultats simplement encourageants. Une troisième, à l’été, cette fois à la bataille de Passchendaele, donne toujours les mêmes résultats : le char reste une arme étonnante mais tout compte fait anecdotique, perdu au cœur d’une bataille qui va dévorer cinq cent mille soldats alliés et allemands pour faire bouger le front de… huit kilomètres. Depuis novembre 14, finalement, rien n’a changé et, en ce mois d’août 1917, alors que l’offensive de Passchendaele s’embourbe sous une pluie qui s’acharne sans discontinuer, à Londres, l’état-major impérial commence à s’interroger le bien-fondé de la nouvelle arme.
Reconstitution d’un nid de mitrailleuse allemand à bataille de Passchendaele (droits : Wilfried Manhaeve)
Le char est-il réellement une invention qui peut révolutionner la guerre, ou n’est-il que la lubie d’une poignée d’enthousiastes siphonnant allègrement des ressources qui seraient peut-être plus utiles si elles étaient investies ailleurs ? Après Passchendaele, c’est bel et bien le concept même du char qui joue sa survie. Les hommes du Tank Corps qui, dans la chaleur et le vacarme infernaux de leurs machines de d’acier, ont développé collectivement une foi en leur arme digne des apôtres, sont atterrés. Pire : ils savent bien que fabriquer suffisamment de chars d’assaut et former suffisamment de nouveaux équipages pour que le Tank Corps finisse - enfin - par peser sur le champ de bataille va demander un effort industriel et technologique si massif que ces effectifs n’existeront pas avant un an. D’ici là, il est tout à fait possible que les grands manitous de l’état-major impérial aient actionné le couperet qui mettra un terme à leur épopée. Désormais, le temps joue contre les tankistes et, à l’état-major du Tank Corps, Fuller cogite sur ce casse-tête chinois : comment diable, au moyen d’un nombre limité de chars, convaincre Londres que cette arme peut changer le cours de l’Histoire, tout en sachant qu’elle ne peut le faire qu’à la condition d’être employée en masse ? La seule solution : monter une opération, avec les chars, et qui exploiterait toutes les qualités qu’ils ont déjà, tout en se passant de celle qui leur manque encore : le nombre.
Cambrai et les cloches de Londres
Fuller fait le bilan : le char possède trois qualités avérées ; la mobilité – en l’occurrence la même que celle de l’infanterie ; la puissance de feu – la même que celle de l’artillerie légère ; et, en prime, le blindage. Il lui en manque une dernière : une doctrine d’emploi. C’est ce que Flers, Arras, Passchendaele ont montré, et c’est cette voie qu’il faut défricher. Que faire avec les chars ? L’expérience acquise a prouvé qu’ils peuvent percer ; plus précisément, qu’ils peuvent rendre l’infanterie capable de percer. Car s’il est une chose que le char ne sait pas faire, c’est occuper le terrain conquis. Seuls des fantassins peuvent peupler une tranchée, un village, un clocher d’église, un centre de transmissions, un dépôt logistique ennemis. C’est bien ; mais est-ce donc là tout ce que le char sait faire ? Une fois la percée réalisée, le char a-t-il d’autres cartes à jouer ? Il est mobile : il peut donc, après la percée, s’enfoncer derrière les lignes ennemies ; il est lourdement armé : il peut donc détruire des cibles derrière les lignes ennemies. Détruire quoi ? D’abord, le principal danger qui menace les fantassins : l’artillerie ; mais aussi les postes de commandement arrières de l’ennemi. Voilà la réponse. Le char peut exploiter la percée. John Fuller vient de trouver la martingale : le diptyque percée – exploitation, autrement dit le concept de bataille en profondeur qui, désormais, hantera tous les états-majors du monde.
Ayant posé cette base, Fuller poursuit l’analyse. Dans la percée, c’est couplé à l’infanterie que le char apporte sa plus-value. Et dans l’exploitation ? Cela ne peut se faire que couplé à une autre arme mobile, et à cette aune, le seul candidat éligible est la cavalerie. Mais voilà : les batailles de 14 ont disqualifié la cavalerie. Face à un no man’s land battu par les mitrailleuses, le cavalier, pas mieux protégé qu’un fantassin, offre une cible aussi belle que lui et même encore plus belle : il est plus grand. Mais en terrain dégagé, une fois les tranchées ennemies conquises, une fois les mitrailleuses réduites au silence ? La cavalerie retrouve alors ses droits et donc la qualité qui la distingue des autres armes : une mobilité incomparable. Son antique capacité à tourner l’ennemi est ressuscitée. Fuller en conclut que la plus-value que le char apporte à l’infanterie dans la percée, il peut l’apporter à la cavalerie dans l’exploitation : au couple char-infanterie la percée ; au couple char-cavalerie l’exploitation. Le tableau que Fuller cherchait à composer depuis 1913 est achevé.
Ce travail accompli, Fuller s’attelle aux modalités concrètes. La notion d’exploitation derrière les lignes ennemies, et même, tout simplement, l’idée de pénétration profonde dans les lignes, implique mécaniquement un étirement des distances à franchir qui rend caduc le principe qui consiste à dérouler du câble téléphonique à mesure des centaines de mètres que les fantassins conquièrent. Le seul moyen de télécommunication compatible avec les distances qu’impliquent l’emploi du char est la radio. Or, précisément, si les postes radio sont trop lourds et trop encombrants pour être transportés à dos de fantassins au travers de terrains bouleversés par les cratères d’artillerie, ils peuvent être aisément transportés par des chars. Installer des émetteur-récepteurs radio dans des chars permettra de maintenir la communication entre les unités de tête et les postes de commandement arrière, et donc de maintenir l’alimentation de ces derniers en informations indispensables à la compréhension de l’évolution de la situation et donc à la capacité à prendre les décisions qu’exige son évolution.
Ce n’est pas tout. La phase de percée impose aux tankistes et aux fantassins une coordination difficile à mettre en pratique. Les fantassins n’ont pas de radio et les tankistes, enfermés dans leur machine avare en interstices de visibilité et assourdis par le bruit de leur moteur, sont à moitié aveugles et totalement sourds. Pour compenser cette difficulté, Fuller imagine de disséminer, parmi les fantassins, des hommes du Tank Corps dont la mission serait de faciliter la collaboration chars-infanterie. Pour finir par le plus évident, les chars sont une arme mécanique boulimique en carburant et autres graisses, et il est nécessaire d’anticiper des lignes logistiques au travers desquelles les chars seront alimentés, et de les dimensionner.
C’est sur cette solide base intellectuelle que Fuller et le Tank Corps se mettent en quête d’une opportunité de la tester dans la pratique. Ils la trouvent au mois d’octobre. Ce sera l’offensive prévue à Cambrai contre la formidable ligne Hindenburg érigée par l’ennemi au cours de l’hiver précédent : cinquante kilomètres de bunkers de béton hérissés de mitrailleuses, entrecoupés de tranchées creusées profondément et protégées par des lignes successives de fils barbelés, le tout relié par des tunnels et arraché aux entrailles de la terre par un demi-million d’ouvriers.
En prévision du grand jour, un véritable maillage logistique est mis en place. Des trains doivent acheminer jusqu’au secteur retenu 750.000 litres d’essence, 300.000 litres de graisse mécanique et 54.000 obus de 57 mm. Tout cela, une fois déchargé des trains, doit ensuite être transporté par camions jusqu’aux les unités blindées. Pour faire nombre, le Tank Corps au complet est rassemblé : trois cent soixante-dix-huit Mark IV [3], temporairement répartis dans des zones d’entraînement où tankistes et fantassins apprennent activement la coopération dont ils auront besoin sur le champ de bataille. Aubaine : la région se trouve alors couverte par un épais brouillard qui dissimule ces préparatifs tandis que les températures demeurent clémentes. Le 20 novembre 1917, à 6 heures et 10 minutes du matin, par un brouillard à couper au couteau, les Mark IV démarrent leur trois cent soixante-dix-huit moteurs de 125 chevaux et s’ébranlent, fidèlement suivis par les fantassins qui s’abritent prudemment derrière eux. Sur l’un des chars flotte l’étendard du Tank Corps. C’est le char du général Elles, qui a pris en personne le commandement.
Hugh Elles, l’apôtre du Tank, peint en 1917
L’apparition sur le champ de bataille du Tank Corps déclenche une panique chez les défenseurs allemands. Les Mark IV traversent les lignes ennemies, les fantassins sur les talons, puis s’enfoncent au-delà des défenses allemandes, à l’affût des positions d’artillerie, et les écrasent sous le poids de leurs vingt-huit tonnes. Au crépuscule de ce 20 novembre 1917, en douze heures d’une bataille intense, les Britanniques ont pénétré les défenses allemandes de dix kilomètres, c’est-à-dire d’autant qu’en trois mois de combats à Passchendaele. Huit mille soldats ennemis se sont rendus, cent pièces d’artillerie sont capturées. En ce soir de novembre, Fuller fait ses comptes.
Oui, la journée est un triomphe ; mais pas entièrement. Si la percée, puis l’exploitation par les chars sont des succès indiscutables, l’exploitation par la cavalerie est, il faut bien le dire, un échec total. Après la percée, les cavaliers se sont à leur tour ébranlés mais les chevaux se sont empêtrés les sabots dans les fils barbelés fraîchement aplatis par les chars, et le mouvement splendide de la cavalerie a dégénéré en un chaos de cavaliers cherchant en vain à reconstituer leur cohésion et leur élan. Ce n’est que péniblement qu’ils sont parvenus à déboucher derrière les lignes ennemies, mais en ordre dispersé. Privés de leur dynamique, ils n’ont pu déferler sur les arrières ennemis comme espéré. Enfin, les pertes en chars ont été lourdes et Fuller en déduit que dans le futur, lorsque les chars seront plus nombreux, il faudra en maintenir une partie en réserve afin d’entretenir le potentiel offensif des chars.
Qu’importent les réserves de Fuller : le lendemain même, les cloches de Londres résonnent à la volée pour célébrer la victoire de Cambrai, que Fuller qualifiera plus tard de « Valmy d’une nouvelle ère, celle de la mécanique ». Pour l’heure, les hommes du Tank Corps y voient surtout une chose : leur arme est sauvée. L’industrie britannique continuera à produire des chars, le Tank Corps à former des équipages de plus en plus nombreux. D’ici l’été 1918, sa puissance sera devenue irrésistible. Pendant un demi-siècle, la porte de la guerre de mouvement s’était lentement et inexorablement fermée jusqu’à devenir hermétique. Le Tank Corps va la rouvrir en grand et, la rouvrant, va rouvrir la seule porte capable de réaliser le rêve de cette Europe enfoncée dans le cauchemar de la Grande Guerre : celle de la victoire.
20 novembre : un Tank Mark IV du bataillon H du Tank Corps bloqué dans une tranchée allemande qu’il n’est pas parvenu à franchir alors qu’il soutenait l’attaque d’un bataillon du régiment Leicestershire. Après le combat, des fantassins du bataillon font une pause dans la tranchée conquise.
Opération KAISERSCHLACHT
Le mariage des vocables « char » et « victoire » est consommé au point qu’à partir de janvier 1918, la question à l’ordre du jour devient : comment planifier la destruction complète de l’armée allemande pour 1919 ? Mais c’est là vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué car, comme le rappelle le Maréchal Foch, « la liberté de l’ennemi est la condition inéluctable de la guerre ». Trois mois plus tôt, à Petrograd, s’est produit un bouleversement que l’ennemi allemand attendait depuis longtemps : les 24 et 25 octobre 1917 (6 et 7 novembre dans le calendrier grégorien occidental), un coup d’état révolutionnaire communiste a balayé en 48 heures le gouvernement de l’empire russe. En décembre, le nouveau pouvoir bolchévique, qui brandit un programme pacifiste, a signé un armistice avec les empires allemand et austro-hongrois, et les négociations de paix ont abouti à un traité de paix signé à Brest-Litovsk, en Biélorussie, le 3 mars.
Illico, l’état-major impérial allemand transfère vers le front de l’Ouest l’armada des divisions devenues superflues à l’Est, avec pour conséquence l’obtention de la supériorité numérique indispensable à une victoire décisive. Le 21, l’armée allemande lance à l’Ouest l’opération KAISERSCHLACHT (« bataille du Kaiser ») [4]. Or, si l’armée allemande - tout comme l’armée austro-hongroise - a raté le virage du char, elle aussi cherche naturellement depuis octobre 1914, de son côté, à conjurer la malédiction de la guerre de positions, et elle a mis au point ses propres nouvelles tactiques de percée. Parmi celles-ci, les redoutables Stosstruppen, ces troupes d’assaut d’élite armées jusqu’aux dents de pistolets-mitrailleurs, de lance-grenades, de lance-flammes, de mitrailleuses, de mortiers légers et d’artillerie légère, et soutenues par de puissantes concentrations d’artillerie qui écrasent des secteurs restreints sous les obus et les gaz lacrymogènes et asphyxiants non-persistants.
Les Stosstruppen (vue d’artiste).
Le coup de poing dans le ventre de KAISERSCHLACHT dégénère en débâcle pour les Britanniques et provoque la réunion en urgence d’une conférence interalliée. Celle-ci rassemble, au complet et fébriles, les plus grands manitous des forces alliées. En neuf jours, les Britanniques reculent de cinquante kilomètres et les Allemands sont en vue de leur objectif, Amiens. Hélas pour eux, KAISERSCHLACHT a les défauts de ses qualités : si elle a permis une pénétration inespérée, elle induit des besoins logistiques proportionnels qui, sur le terrain, font défaut. De surcroît, l’artillerie lourde allemande est rapidement semée par la vitesse de progression des troupes de pointe qui finissent exténuées et le ventre criant famine après des jours de combats très durs dans un terrain difficile lacéré d’innombrables cours d’eau qui sont autant d’obstacles successifs à emporter. Le 29 mars 1918, le triomphe tactique de KAISERSCHLACHT s’achève en échec stratégique. L’empire allemand a tiré sans succès l’unique cartouche qui lui restait pour gagner la Première Guerre mondiale. Dès que l’orage commence à se calmer, Fuller l’étudie immédiatement sous toutes ses coutures.
Le Plan 1919
Son regard est en particulier attiré par un fait saillant : les Stosstruppen ont ciblé les postes de commandement britanniques et les ont bousculés, provoquant une soudaine et sévère désorganisation des forces que ceux-ci dirigeaient. Fuller en tire la leçon qu’il existe un lien charnel entre commandement, décision et action. Si le commandement perd sa cohérence, il est frappé d’une paralysie qui engendre une panique contagieuse. Celle-ci s’étend alors à toute la troupe. En un mot : plus de commandement, plus d’action, plus de troupe.
Lorsque les chefs alliés reprennent leurs esprits après la brûlante alerte de KAISERSCHLACHT, les discussions temporairement mises de côté reprennent et, le 24 mai, le plan de Fuller pour 1919, lapidairement intitulé Plan 1919, est prêt. Il commence par y abonder dans le sens de ses supérieurs en rappelant que le but de la guerre est de priver l’ennemi des moyens de la mener, c’est-à-dire de détruire ses forces militaires. Cela étant posé, il en vient à sa contribution au débat en cours sur la manière d’y parvenir au moyen des chars. D’emblée, il juge que, jusque-là, les tactiques élaborées pour les chars ont essentiellement consisté en des améliorations de tactiques préexistantes aux chars, sans qu’aucune réflexion ne soit menée à partir du concept du char proprement dit. Rebondissant sur ses méditations au sujet des enseignements de KAISERSCHLACHT, il en tire la conclusion qu’il voit deux manières d’éliminer les forces ennemies : soit en les détruisant physiquement, soit en les rendant « inopérantes » :
« Aujourd’hui, le potentiel de combat d’un ensemble d’hommes réside dans l’organisation de cet ensemble : par conséquent, si nous détruisons cette organisation, nous détruirons le potentiel de combat de cet ensemble et aurons atteint notre objectif ». Il ajoute : « Si, en sus du coup à la tête, nous frappons un second coup à l’estomac, c’est-à-dire que nous disloquons le système logistique ennemi à l’arrière de son front défensif, alors les soldats ennemis crieront famine et se disperseront ». Il poursuit : « Comparativement au nombre de combattants présents sur le terrain, le nombre de commandants est faible ; par conséquent, les moyens nécessaires pour détruire ces derniers sont considérablement moindres que les moyens nécessaires pour détruire les hommes qu’ils dirigent ».
Fuller passe alors au cadre circonstanciel de son document : « Notre théorie actuelle, qui s’appuie sur les armes dont nous disposons, dotées d’un rayon d’action limité, consiste à atteindre notre objectif stratégique au moyen de la force brute, c’est-à-dire en détruisant les muscles, les os et le sang ennemi. Mener cela à bien dans des délais raisonnables au moyen des chars exigera des milliers et des milliers de ces engins, et il est peu probable que ce nombre soit atteint d’ici un an. Alors, cherchons d’autres moyens […]. Il n’entre pas dans les intentions du présent document de contester la pertinence de la force brute, mais bien de montrer qu’une grande quantité de cette énergie brute peut être épargnée si nous nous servons de notre esprit pour exploiter cette énergie […]. Dans la guerre, le succès tactique est en général atteint en opposant une force organisée à une force désorganisée […] Ce qu’il nous faut obtenir est une combinaison des deux principes suivants :
1. Forcer l’ennemi à masser ses réserves dans un secteur délimité.
2. Désorganiser ces réserves avant de pénétrer face à elles.».
Cela étant accompli, l’acte tactique d’annihilation devient possible. La poursuite est le dividende de la victoire. Plus nous forcerons l’ennemi à masser des réserves, plus notre dividende tactique sera élevé lorsque nous les désorganiserons. Avec le Medium Tank D et avec l’avion, il n’y a aucune raison que nous n’obtenions pas un dividende de 100 % sur notre investissement. Ce qui signifie gagner la guerre en une seule bataille […]. Le nombre de Tank D nécessaires pour mai 1919 est de 2.000. Au moyen d’un tel nombre, nous avons toutes les chances de mettre un terme à la guerre ».
Schéma graphique du Plan 1919 (droits : The Map Archive).
Synthétiquement, le Plan 1919 propose une tactique en deux temps. Dans un premier temps, percer les lignes ennemies au moyen de l’infanterie soutenue par les chars afin de pouvoir envoyer les chars seuls en exploitation derrière les lignes ennemies pour cibler et détruire les systèmes de commandement et de ravitaillement et ainsi paralyser les forces de l’ennemi sans qu’il soit nécessaire de les détruire. Ce n’est que dans un second temps qu’est lancée l’offensive contre les lignes ennemies, qui tombera sur des forces privées de leur organisation car privées de commandement et de logistique.
Le Plan 1919 de Fuller n’est pas retenu mais, comme nous le verrons par la suite, son enterrement va donner lentement naissance à une graine qui, dans le futur, engendrera des fruits nombreux et vigoureux.
A suivre…
Pierre Bacara
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[1] pour le distinguer de son oncle Helmuth von Moltke l’Ancien, mort en 1891, lui assi chef de l’état-major de l’armée impériale allemande. [Retour au texte]
[2] Schlieffen a ajouté, prophétique, qu’avec la puissance de feu dont disposent désormais les armées, la guerre épuisera l’économie des belligérants si elle se prolonge, et que la mobilisation de millions d’hommes pendant plusieurs années épuisera le corps social et finira par provoquer une révolution. [Retour au texte]
[3] Par rapport au Mark I de 1916, le Mark IV de 1917 apporte les progrès suivants : le blindage frontal a été augmenté de moitié et a été porté de 12 à 16 mm : le blindage latéral a été légèrement augmenté et est passé de 10 à 12 mm ; le blindage du toit est passé de 6 à 8 mm. Au moteur de 105 CV du Mark I a succédé un moteur de 125 CV qui porte la vitesse de progression de 4,5 km/h à 5,6 km/h. Quant à l’autonomie, elle a été portée de 37 à 56 kilomètres. [Retour au texte]
[4] Plus précisément, il s’agit de l’opération MICHAEL, premier volet d’un diptyque offensif destiné à en comporter un second, l’opération GEORGE - qui, une fois compressée dans ses ambitions, deviendra l’opération GEORGETTE. Leurs échecs successifs – bien que le séisme de MICHAEL ait déclenché chez les Alliés la pire crise de toute la guerre – pousseront Ludendorff à insister tant qu’il bénéficiera de la supériorité numérique. Il lancera donc, jusqu’en juin, les opérations BLÜCHER – séisme bis, HAGEN, HAMMERSCHLAG puis GNEISENAU. C’est cet ensemble d’opérations tactiques qui constitue l’opération offensives stratégique KAISERSCHLACHT. Malgré ses susccès tactiques parfois spectaculaires, KAISERSCHLACHT sera un succès stratégique qui ne parviendra pas à bouleverser le cours de la guerre. [Retour au texte]
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Sources :
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BIHAN, Benoist : Alexandre Svietchine, le Clausewitz du XXe siècle, Guerre & Histoire, août-septembre 2013
BLONDIN, Philippe : Le paradoxe soviétique. 1920-1940, la guerre mécanisée au pays des Soviets, été 2008, Batailles & blindés, juillet-août 2008.
CLAUSEWITZ, Carl von : De la guerre (Vom Kriege, Dümmlers Verlag, Berlin, 1832), Editions de Minuit, Paris, 1955
DESPORTES, Vincent : La stratégie en théories, Politique étrangère, été 2014
FULLER, John Frederick Charles : Tanks in the Great War, E.P. Dutton & Co, New York, 1920
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GUDERIAN, Heinz : Achtung – Panzer !, Brockhampton Press, Leicester 1937
HENNINGER, Laurent : Après la Konarmiya, le rideau tombe sur la cavalerie, Guerre & Histoire, juin-juillet 2017
LOPEZ, Jean : Joukov, l’homme qui a vaincu Hitler, Perrin, Paris, 2014
SAPIR, Jacques : La Mandchourie oubliée, grandeur et démesure de l’art de la guerre soviétique, Editions du Rocher, Monaco, 1996, 1996
WENKIN, Hugues : Inventer le Blitzkrieg, la pensée doctrinale du colonel FULLER, Batailles & blindés, février-mars 2012.