Huit cent soixante-douze jours,  

Issaak Mikhaïlovitch MORCHTEÏN

« […] Le Führer a décidé d’éliminer Léningrad de la surface de la Terre. Après la victoire sur la Russie soviétique, l’existence de cette grande ville n’aura plus le moindre intérêt. […] Il a été proposé d’assiéger hermétiquement la ville et de la raser au sol par des tirs d’artillerie de tous calibres et des frappes aériennes permanentes [… ] ».

 

- Directive n° Ia/1601/41, vice-amiral Kurt Fricke, chef d’état-major de la Direction des opérations de la Kriegsmarine, 22 septembre 1941   

 

 

« En Russie, tout était centralisé, y compris les entrepôts alimentaires à partir desquels les produits étaient distribués dans les magasins, et les Allemands le savaient. Lorsqu’en septembre [1941] ces entrepôts ont été détruits par les bombardements, y compris l’énorme entrepôt Badaïev, des rivières de sucre brûlé se sont mises à couler dans les rues, et c’est comme ça que notre enfance s'est terminée ».

 

- Issak Mikhaïlovitch MORCHTEÏN

 

 

 

Issak Mikhaïlovitch, à gauche le 21 juin 1941, moins de vingt-quatre heures avant le déclenchement de l’opération BARBAROSSA, et à droite chez lui à Saint-Pétersbourg le 29 janvier 2020.

   

 

Lorsque nous avons filmé Issaak Mikhaïlovitch dans son appartement paisible de Saint-Pétersbourg, nous avons découvert un homme de quatre-vingt-douze ans décontracté et alerte qui nous a semblé imperméable aux ans. Et pourtant, ce qu’il avait à nous raconter avait de quoi user prématurément n’importe quel homme : le siège le plus cruel des cinq derniers siècles, auquel ont succombé près d’un million d’êtres humains.

 

 

Les premiers jours de l’été

 

Pour le jeune Issaak, ces premiers jours de vacances d’été sont décidément bien remplis. Non seulement il a soufflé ses quatorze bougies quatre jours plus tôt, mais de surcroît, ce samedi-là, il se prépare intensément à un grand événement. En effet, deux années plus tôt, un grand concours national artistique a été lancé en fanfare pour sélectionner les tout meilleurs jeunes musiciens du pays. Issaak, ardent élève violoniste au collège musical qui dépend du Conservatoire Rimski-Korsakov de Léningrad, a franchi avec succès toutes les épreuves. Le voici parmi les élus sélectionnés pour un grand rendez-vous : jouer sur scène, au mois d’août, au théâtre Bolchoï de Moscou, l’une des plus prestigieuses scènes de théâtre et de ballet du monde. Pour ces jeunes talents, un camp de vacances bucolique a ouvert ses portes afin qu’ils puissent parfaire leur prestation en toute sérénité sous l’œil sourcilleux de leurs professeurs. Demain, tous les parents d’élèves – à n’en pas douter ravis d’avance mais parcourus d’un soupçon d’appréhension - y sont attendus pour assister à une époustouflante démonstration musicale. Même la presse est là : un photographe de la Pionierskaïa Pravda, l’un des nombreux titres de presse destiné aux plus jeunes, immortalise Issaak en plein exercice de violon puis s’éclipse au milieu des jeunes artistes pour poursuivre son travail. Issaak l’ignore, mais un jour, cet instant-là réapparaîtra dans sa vie.

 

 

 

 

 

Le lendemain dimanche, par une météo rayonnante, les parents sont au rendez-vous. A midi et demi, alors que l’heure du déjeuner approche à grands pas, une annonce est diffusée à la radio. Au micro, Viatcheslav Molotov, ministre des Affaires étrangères de l’Union soviétique. Il annonce d’une voix hésitante qu’à quatre heures du matin, les forces d’Hitler ont franchi les frontières du pays sur deux mille kilomètres. Issaak se souvient : « Nous avons grandi d’un seul coup ». Nous sommes le dimanche 22 juin 1941. L’heure n’est plus aux réjouissances, tout le monde doit rentrer.

 

Voilà donc Issak de retour à Léningrad, la grande et vibrante métropole de trois millions d’habitants, autrefois fière capitale des tsars mais pour l’heure plongée dans l’inquiétude. Dans les larges avenues, Issaak croise des colonnes d’appelés. Une semaine plus tard, l’on apprend qu’à cent soixante kilomètres au nord de la ville, des combats ont éclaté contre les forces finlandaises qui, après les Allemands, les Roumains et les Hongrois, attaquent à leur tour. Dans les gares, les premières évacuations de civils commencent. Malgré cette atmosphère oppressante et les enfants étant ce qu’ils sont, la bonne humeur et même l’insouciance retrouvent vite leurs droits. Après tout, il y encore a de longues vacances en perspective et, chaque matin, un soleil radieux est fidèle au rendez-vous.

 

 

 

 

 Léningrad en été (droits Yulenochekk)

  

 

Jdanov

 

Deux semaines et demie plus tard – nous sommes mi-juillet - les autorités de la ville font les comptes à tout hasard. Pour les trois millions d’âmes que compte Léningrad, les réserves de vivres contiennent un mois de céréales, un mois de viande, un mois et demi de matières grasses. On instaure des tickets de rationnement mais, aux yeux des enfants, ce sont les parents qui sont censés se préoccuper de tout cela et Issaak continue de passer du bon temps avec ses copains. Au vrai, même les adultes ne comprennent pas exactement ce qui se passe au front.  Il semblerait qu’il s’y livre des batailles héroïques dans lesquelles brillerait un jeune général – il n’a pas quarante ans – inconnu, bonhomme et bien en chair du nom de Nikolaï Fiodorovitch Vatoutine. C’est le 21 août que le chef du parti communiste de Léningrad, Andreï Jdanov, se décide à parler. Il lance un appel qui glace le sang de la population : les Léningradois, annonce-t-il, se doivent de participer eux-mêmes à la défense militaire de leur ville. Pour que l’autorité la plus puissante de la grande cité confesse que les forces armées pourraient ne pas suffire à assurer la sécurité de ses habitants, il faut que la situation soit bien inquiétante. Les Léningradois n’imaginent pas à quel point elle l’est.

 

Le même jour, à seulement une centaine de kilomètres au sud-est, des panzers ont surgi dans la petite ville de Tchoudovo et l’ont prise à des unités soviétiques épuisées. L’affaire est très sérieuse car Tchoudovo est située sur la ligne de chemin de fer directe Moscou-Léningrad, désormais sectionnée. Conséquence : Léningrad n’est plus connectée au monde extérieur que par une dernière voie ferrée, celle qui la relie à la ville de Vologda, à cinq cents kilomètres à l’est, elle-même connectée à Moscou par quatre cents kilomètres supplémentaires de voies. L’avant-veille, la vénérable cité de Novgorod, fondée au siècle de Charlemagne, surplombée par son kremlin presque millénaire et patrie du compositeur Sergueï Rachmaninov, est tombée elle aussi. Les combats ont désormais lieu au nord de la rivière Louga qui constituait l’avant-dernière ligne de défense de Léningrad. La Wehrmacht n’est plus qu’à cent kilomètres.

 

 

Leeb et Himmler

 

Et il y a ce qu’aucun résident de Léningrad ne sait encore, ce qu’on n’apprendra que dans un futur qui paraît alors bien lointain : ce qui se passe « de l’autre côté ». Les prisonniers de guerre russes capturés sont dirigés par la Wehrmacht en longues colonnes, sans nourriture, sans soins,  en direction de camps de prisonniers. En chemin, leurs gardiens interdisent à la population d’offrir aux prisonniers quoi que ce soit à manger. Les contrevenants sont abattus sur place. Les prisonniers qui sont trop affaiblis pour supporter ce régime sont abattus au bord des routes. Une fois dans les camps, les survivants ne sont alimentés qu'au moyen de la quantité strictement nécessaire pour leur survie biologique et sont totalement privés de toit et de soins médicaux. Quant aux officiers politiques – spécialité de l’Armée rouge - ils sont immédiatement tués d’une balle dans la tête dès qu’ils sont capturés. Un soldat allemand qui participe à l’offensive en direction de Léningrad a résumé à sa femme, dans une lettre datée du 28 juin : « Les Russes ne sont qu’un ramassis de crapules ».  En Lituanie, la survenue de la Wehrmacht a laissé libre cours à des pogroms contre les habitants juifs encouragés par les soldats vainqueurs. Le 8 juillet, le Maréchal Wilhelm von Leeb, commandant du groupe d’armées Nord qui menace désormais Léningrad même, a couché dans son journal : « De cette façon, la question juive ne pourra probablement pas être résolue. Le moyen le plus sûr serait la stérilisation de tous les hommes juifs » ; avec un petit peu de retard d’ailleurs car, six jours plus tôt, ces improvisations ont laissé place à des méthodes plus rationnelles avec l’intervention des SS-Einsatzgruppen. Toujours en Lituanie, le SS-Einsatzgruppe A s’est mis au travail et a commencé à procéder, dès le 2 juillet, à l’exécution organisée des hommes juifs, par balles. Dans le courant du mois, le Reichsführer-SS Heinrich Himmler, grand-prêtre suprême de toute la SS, a arrondi les angles : avec les hommes, on tuera aussi les femmes, et aussi les enfants. A l’échelle globale, le 23 juillet, le Maréchal Wilhelm Keitel, chef de l’état-major général des forces allemandes, a rédigé un ordre limpide : « Compte tenu des vastes dimensions des territoires occupés à l’Est, les forces disponible pour [y] assurer la sécurité […] ne suffiront que si toute résistance est punie […] par la généralisation par les forces armées d’une terreur propre à éliminer toute inclination à résister parmi la population […] ».

  

 

 

 Le Maréchal Wilhelm von Leeb, commandant du groupe d’armées Nord allemand.

 

 

A Léningrad, l’on ignore encore tout cela mais l’ont sent intuitivement que chaque mètre qui rapproche l’envahisseur de la ville n’a rien pour rassurer. Une semaine après la sortie de Jdanov, le 28 août, la ville de Mga, à cette fois vingt kilomètres seulement à l’est des faubourgs de Léningrad, tombe aux mains d’unités motorisées allemandes. Or, la gare de Mga est située sur la ligne de chemin de fer Léningrad-Vologda, qui se trouve à son tour coupée. Cette fois, plus aucune voie ferroviaire ne relie la ville au monde extérieur. Ce 28 août 1941, du strict point de vue logistique, la ville est assiégée.

 

 

 

 La gare de Mga, située sur la dernière grande artère de vie de Léningrad, occupée par la Wehrmacht le 28 août 1941.

 

 

Le 1er septembre, les mâchoires de l’étau se resserrent encore. L’armée soviétique qui défendait le front nord contre les Finlandais se replie en direction du sud jusqu’à une distance de seulement trente kilomètres au nord de Leningrad. Le même jour, les troupes du Maréchal von Leeb sont sur la Neva, le large fleuve qui coule à peu près en demi-cercle au sud de la ville et sur lequel s’appuie l’ultime ligne de défense. Le 4 septembre, c’est dans Léningrad même que la guerre va surgir.

 

 

L’anneau de fer

 

Ce jeudi-là, les avenues vibrent soudain des explosions des obus de l’artillerie lourde allemande. La population doit instantanément apprendre à coller des bandes adhésives sur les vitres des fenêtres pour que celles-ci n’éclatent pas sous la pression du souffle. Quant aux tympans, ils doivent supporter seuls l’épreuve. Dans les rues, les premiers habitants sont blessés, ou tués. Quatre jours plus tard, la nouvelle tombe : la forteresse médiévale de Chlisselbourg et le petit bourg qui l’entoure sur la rive de l’immense lac Ladoga – vaste comme la Normandie - est aux mains de la Wehrmacht. La route qui, de Léningrad, part vers l’est et traverse Chlisselbourg était la toute dernière voie de communication terrestre.  A Berlin, le quartier général allemand commente, sur un ton lugubre et sans appel : « Le cercle de fer s’est refermé sur Léningrad ». La ville est assiégée, au sens le plus strict. Plus aucune parcelle de terre ne la relie au reste du pays. Ce 8 septembre 1941 est le jour « Un » d’un siège qui va durera trois années, trois mois et neuf jours, c’est-à-dire huit cent soixante-douze jours. Un million de Léningradois vont en mourir, et les premiers immédiatement : ce même 8 septembre, la puissance des explosions monte d’un ton. En effet, celles-ci sont cette fois l’œuvre de la Luftwaffe et ce sont des bombes qui détonnent dans les rues – y compris des bombes incendiaires dont la fonction n’est pas de provoquer des destructions par la puissance du souffle mais de provoquer des incendies. Dès le lendemain, le Maréchal von Leeb passe à l’offensive sur la Neva, face à Léningrad même.

 

Dans la ville assiégée et angoissée, Issaak ne chôme pas. Il est mobilisé au sein de l’un de ces nombreux « détachements scolaires » qui mettent la main aux innombrables tâches de « routine » qu’imposent ces journées de siège qui se suivent l’une après l’autre : service dans les abris antiaériens pour y accompagner les jeunes enfants ou les personnes âgées qui ont besoin qu’on les aide pour se déplacer, veille au sommet des toits des immeubles pour localiser les départ d’incendies déclenchés par les bombes incendiaires… Pendant ce temps, sur le front sud, la nouvelle offensive lancée par Leeb le 9 a scié en deux les défenses de la ville. Leur partie ouest se trouve désormais isolée du gros des défenses. L’ennemi s’est engouffré dans la brèche et s’est approché jusqu’à Ouritsk, à peine plus de dix kilomètres au sud des faubourgs. Au terminus d’un tramway, on a soudain vu surgir les panzers. L’angoisse se mue en désespoir. C’est à ce moment-là qu’un nouveau venu va faire son apparition dans la destinée de la cité de Pierre le Grand.  Le 12 septembre 1941, par une belle matinée de fin d’été, le général Guéorgui Joukov, chef d’état-major général de l’Armée rouge, atterrit à l’aéroport de Léningrad.  

 

 

Joukov

 

Ce matin-là, les premiers aspects du général Joukov que voient ceux qui l’accueillent à sa descente d’avion sont sa silhouette cubique et son visage à l'avenant. Joukov est un homme d’action, un décideur à l’intelligence acérée qui n’est heureux que les bottes et le pantalon souillés par la boue des tranchés. Si son nom n’évoque alors pas grand-chose au grand public soviétique, il est par contre connu comme le loup blanc au sein de l’Armée rouge depuis son éclatante victoire contre l’armée impériale japonaise en Mandchourie deux ans plus tôt - dont, il l’ignore encore, la portée stratégique est en train de porter des fruits– mais c’est là une autre histoire. Pour l’heure, Staline, qui manque douloureusement de généraux compétents, est en train de prendre progressivement conscience qu’avec ce général-là, il tient peut-être dans sa manche la botte secrète qui lui manquait pour accuser les coups les plus abrupts.

 

Le général Joukov déboule au beau milieu de la camarilla politico-militaro-sécuritaire qui dirige Léningrad et qui végétait, prostrée. Il y impose immédiatement le silence, y prend le pourvoir et précipite tout le monde au travail. Alors que l’été qui s’éternisait laisse la place à une bruine lancinante et déprimante, Joukov fait sauter les têtes en rafale, à commencer par celles des généraux. Le commandant de l’armée qui était aux premières loges, débordé par la situation, hébété, est jeté aux arrêts avec son chef d’état-major et remplacé par un général sec, buriné et au regard noir qui a fait ses preuves sur le front japonais et que Joukov a amené avec lui dans ses bagages : Ivan Fediouninsky. Les déserteurs découragés qui avaient déguerpi du front sont pourchassés et y sont réexpédiés. Joukov prévient : les récidivistes seront fusillés. Il constate que, depuis le début du mois, les Finlandais ne donnent plus signe de vie : il dégarnit illico le front nord et étoffe le front sud attaqué. Les unités terrestre de la flotte sont propulsées dans la fournaise, tout comme les récentes divisions de milice populaire, les Opoltcheniyé, et aussi les forces de sécurité du NKVD. Les canons antiaériens qui défendaient la ville contre les bombardements de la Luftwaffe sont de même expédiés au front où ils sont remis en service comme canons antichars. Joukov mobilise la flotte de l’énorme base navale de Kronstadt, dont l’artillerie navale lourde donne de la voix. Les obus lourds vont s’écraser sur les Allemands, qui répliquent : la Luftwaffe déchaîne ses foudres sur la flotte et, le 23, le cuirassé de 28.000 tonnes Marat est éventré par une explosion de quatre cent mètres de haut. Au front, des unités font remonter jusqu’à Joukov que l’envahisseur s’est mis en tête de forcer les habitants à marcher devant lui afin de se protéger des tirs et que les soldats russes n’osent pas ouvrir le feu. Joukov réplique qu’il faut tirer dans le tas. Il communique aux soldats une véritable tornade d’énergie. Face à eux et au général Fediouninsky qui les mène avec courage, astuce et sang-froid, ranimant leurs espoirs, les divisions d’Hitler, après avoir encore fait reculer les défenseurs de plusieurs kilomètres, ne font cette fois plus un mètre de plus. Dans un dernier coup de collier, elles se sont emparées de la ville de Pouchkine, à moins de vingt kilomètres au sud de Léningrad, mais dans les derniers jours du mois de septembre, elles jettent le gant.

 

 

Léningrad ne tombera pas.

 

 

 

 

 L’ultime prise de Leeb : Pouchkine et son palais construit par Catherine de Russie, et qui fut la dernière résidence impériale du tsar Nicolas II.

 

 

Hitler, depuis sa « tanière du Loup » dissimulée dans les profondeurs des forêts de Prusse-Orientale, a déjà compris : le 6, il avait donné le signal des préparatifs de l’opération TAIFUN (« Typhon »), dont l’objectif sera Moscou elle-même. Dans ce cadre, il a ordonné, le 11, que quel que soit le résultat de la nouvelle offensive de Leeb contre Léningrad, l’armée blindée du commandant du groupe d’armées Nord lui serait retirée pour être transférée vers le sud-est. Ces mouvements ont commencé dès le 17, le jour même de la chute de Pouchkine. Or, face à Joukov, Leeb a échoué in extermis. Son offensive contre Léningrad était donc bel et bien la dernière.

  

 

 

Le général Gueorgui Konstantinovitch Joukov.

 

 

Pour ce qui est du destin même des habitants de Léningrad, Hitler a lâché un ordre oral : « […] éliminer Léningrad de la surface de la Terre […] assiéger hermétiquement la ville et […] la raser au sol par des tirs d’artillerie de tous calibres et des frappes aériennes permanentes [… ] ». Depuis le 24 septembre, l’artillerie lourde de Leeb ouvre le feu directement contre les quartiers d’habitation. Les vingt-deux terribles journées qui viennent de s’écouler n’ont été qu’un avant-goût des trois années qui vont venir.

 

Le 5 octobre, Joukov est à nouveau sur le tarmac de l’aéroport. Il repart pour la capitale. Six jours plus tôt, l’opération TAIFUN a éclaté. Quant à Issaak Mikhaïlovitch, il est toujours, lui, dans Léningrad.

 

A suivre…

 

 Pierre Bacara

 

 

 

Post scriptum : 2015. Soixante-dix ans après tous ces événements, Issaak Mikhaïlovitch est maintenant octogénaire. En cette année 2015, en tant que vétéran des combats de la 2e armée de choc - qui est à Léningrad ce que la 2e D.B. de Leclerc est à Paris - il participe à une conférence sur le siège de Léningrad dans une école où se situe un musée de la 2e armée de choc. Devant les enfants, il raconte avec émotion son samedi 21 juin 1941, notant que ce jour-là, il a même été pris en photo par un journaliste. Il se trouve que les élèves, ayant entendu l’anecdote, entreprennent des recherches dans les archives de la Pionierskaïa Pravda, devenue en 1991 un mensuel pour la jeunesse… et y retrouvent l’original de la photo. Issaak Mikhaïlovitch a ainsi enfin pu  la voir de ses yeux, soixante-quatorze ans après le déclic de l’appareil photo…

 

 

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