Du 5 décembre au 7 janvier 1942, le général Joukov, le “sauveur de Moscou”, repousse le groupe d’armées Centre allemand de deux cents kilomètres en moyenne sur un front large de plus de six cents, à une exception frappante : une imposante excroissance de deux cents kilomètres de large et de cent cinquante de profondeur, balcon menaçant qui paraît surplomber Moscou et qui étend son ombre jusqu’à soixante kilomètres seulement à l’ouest de la capitale : le saillant de Rjiev-Viazma.

Aux premiers jours du mois de mars 1942, les généraux allemands du front sud inaugurent leurs réflexions tactiques et le commandant du groupe d’armées Sud, le Maréchal Fedor von Bock, se penche sur les cartes ; et chaque fois qu’il s’y penche, son regard tombe immanquablement sur une zone qui lui saute aux yeux comme une tache au milieu du visage : le saillant d’Izioum.

En janvier 1942, dans l’ombre de la contre-offensive Staline face à Moscou sur le front de l’Est, l’Armée rouge remporte, à sept cents kilomètres au sud de la capitale, une victoire discrète mais dont les conséquence ultérieures seront énormes : l’opération BARVIENKOVO-LOZOVAÏA.

Dans la nuit du 4 au 5 décembre 1941, le groupe d’armées Centre allemand, qui a mené une offensive de deux mois jusque dans la banlieue même de la capitale soviétique (l’opération TAIFUN, « Typhon »), finit par jeter le gant pour passer sur la défensive. L’Armée rouge a réalisé l’impossible : brûler le potentiel phénoménal que la Wehrmacht avait investi dans l’opération BARBAROSSA.

L’immense défaite soviétique de l’opération KHARKOV du mois de mai 1942 prend ses racines dans les considérations stratégiques et tactiques de la Stavka et du commandement allemand du printemps 1942, qui vont toutes converger pour faire dégénérer KHARKOV en un thriller sanglant et tragique.

Bielgorod, août 1943. Après avoir arrêté l’offensive d’Hitler à Koursk, l’Armée rouge est passée à l’offensive. Face au saillant de Kharkov, la 73e division de la Garde doit relever le défi de franchir la rivière Doniets, dont la rive opposée est surplombée par des hauteurs depuis lesquelles le XIe corps allemand est prêt à ouvrir le feu de toutes ses armes. Mission impossible ?

Non seulement Vladimir PANIENKO a servi pendant la bataille de Stalingrad, mais il est né à Stalingrad. A l’âge de dix-sept ans, il a connu toute la bataille, depuis l’été 1942 jusqu’à la capitulation de la 6e armée allemande de PAULUS le 1er février 1943 ; et y compris l’effroyable bombardement de la ville par la Luftwaffe le 23 août mais également l’apparition apocalyptique, le 14 septembre, de la 24e division de Panzers dans le quartier où vit sa famille.

Le parcours d’Igor OSSIPOV, promis à un brillant parcours universitaire mais engagé volontaire dans les heures qui suivent l’attaque d’Hitler en 1941, est une saga. En trois années, il est de tous les combats sur le front de l’Est : Kharkov, Donbass, 1941 ; Caucase, 1942-1943 ; Crimée, printemps 1944 ; BAGRATION à l’été ; à l’automne, l’opération MEMEL qui disjoint deux groupes d’armées du Reich. Là, le vétéran, blessé de cinq balles en menant une contre-attaque, tire sa révérence. En voici le premier chapitre.